Le Racisme


Le FN dit :
Jean-Marie Le Pen : "Aux Jeux Olympiques, il y a une évidente inégalité des races entre la race noire et la race blanche (...). C'est un fait. Je constate que les races sont inégales. C'est une banalité(...). Je ne fais qu'exprimer ce que pense tout le monde." Déclaration à Europe 1, septembre 1996.

Jean-Marie Le Pen : "Si j'avais le choix, j'aimerais mieux être envahi par les allemands que par les arabes. Au moins, ils avaient Goethe, Schiller. Les arabes n'ont jamais rien fait de mémorable."

François Brigneau : "Bientôt, dans le championnat de France [de football], il y aura antant de noirs que de blancs." Editorial de National Hebdo, octobre 1992.

Jean-Claude Bardet : "La France appartient au monde blanc." Jean-Claude Bardet est conseiller municipal FN de Nancy et directeur de la revue théorique de ce parti : Identité. Il défend une prétendue pureté des racines indo-européennes de notre pays.

Pierre Bousquet (évoquant le FN) : "Pour la première fois dans l'histoire de notre pays, un mouvement de pensée doctrinale s'appuyant sur les traditions profondes et les racines de la race occidentale fait entendre sa voix." Pierre Bousquet fut membre du bureau politique du FN de 1972 à 1981.

Qu'est-ce que le racisme ?

Les définitions "savantes" du racisme se rapprochent toutes de celle proposée par un sociologue britannique, Michael Banton : "Doctrines selon lesquelles le comportement d'un individu est déterminé par des caractères héréditaires stables qui dérivent de souches raciales séparées ayant des attributs différents et dont on considère ordinairement qu'elles ont entre elles des relations de supériorité ou d'infériorité."
Le racisme n'est donc pas une théorie scientifique, mais un ensemble d'opinions peu cohérentes.

Dans sa forme, le racisme est un et multiple.

Un : toutes les théories racistes, tous les comportements racistes ont en commun le rejet d'un groupe.
Multiple : l'antisémitisme de l'extrème droite, hier et aujourd'hui, ne se confond pas au racisme concernant les immigrés.
Au sein de ce dernier, il est encore possible de faire une distinction. Parallèlement au racisme biologique, il y a le racisme "culturel" qui suppose l'impossibilité d'intégrer les populations d'origine étrangère.

"L'un des paradoxes de ce qu'on nomme racisme, rapelle Pierre-André Taguieff, philosophe et politologue, c'est qu'il peut s'exprimer indifféremment dans le vocabulaire de la race zoologique ou dans celui de la culture, des mentalités, des traditions, des religions, bref, des "spécificités" ou des "identités collectives"." Les origines du racisme culturel sont à rechercher auprès du courant de la "Nouvelle Droite". Quelques intellectuels tels Alain Blot et Jean-Yves Le Gallou (tous deux responsables du FN) ont renversé le concept de "droit à la différence" pour en faire un nouvel instrument d'exclusion.

Les deux formes de racisme, biologique et culturel, sont présents au FN. Ainsi, Jean-Marie Le Pen assimile le métissage à une souillure, à un abaissement de la qualité bioculturelle de la population : "il y a une multiplicité de races et de cultures de par le monde et il existe aujourd'hui une espèce de courant utopique qui prône un "mondialisme" visant à établir sur notre planète un nivellement par la base, un métissage généralisé destiné à réduire les différences qui existent entre les hommes et en particulier ces différences raciales (...). Ceci est d'une stupidité condamnable, car les races, dans leurs diversités, ont été crées par Dieu et, de ce fait, ont certainement leur raison d'être (...). Alors que chaque entité souhaite naturellement se perpétuer et marquer ses différences, ces théories égalitaristes montrent bien ce qu'elles ont d'artificiel, d'antinaturel ! C'est vrai pour les hommes comme ça l'est dans la race canine.

Le racisme culturel peut être illustré par françois Brigneau, éditorialiste à National Hebdo et à Minute qui écrit en avril 1985 : "Il est préférable d'éviter les croisements et les métissages. Non pas pour conserver la supériorité de la race à laquelle j'appartiens mais sa différence, son originalité." Par prolongement, les différences culturelles entre les immigrés et les français sont jugés si importantes que l'intégration serait impossible. Or, les enfants d'immigrés d'aujourd'hui vont plus souvent et plus longtemps à l'école publique que les enfants d'immigrés des années 1930. Il existait en effet des accords avec la Pologne et l'Italie qui autorisaient ces deux pays à faire venir des prêtres pour encadrer, dans des écoles catholiques, les enfants des immigrés de l'entre-deux guerres. L'intégration se fait aujourd'hui mieux et plus tôt. Le vrai problème est causé par la crise et le chômage.

Pourquoi le racisme ?

Le racisme est un phénomène très large. Il correspond à la fois à des motivations individuelles et collectives. Deux explications semblent possible : l'intérêt et la peur de l'autre.

L'intérêt peut être économique, religieux, politique ou territorial. Il amène toujours au même mécanisme simple : l'agression verbal ou physique et l'utilisation de la différence pour justifier le comportement hostile. Le racisme sert de prétexte à la conquête.

La peur de l'autre constitue le deuxième facteur explicatif. "L'autre, c'est l'inconnu, duquel tout peut arriver, surtout le pire." Le racisme apparaît alors comme une défense contre cet autre étrange et étranger. Il excuse la haine, rassure et légitime l'agression.

L'agument semble applicable au FN. La crainte de l'autre apparaît dans les discours comme les thèmes. La peur de l'invasion, l'affirmation d'un complot contre la france et de l'existence d'un racisme anti-français (existe-t-il donc une race française ?) sont autant d'exemples. Cette crainte se conjugue aussi à l'incertitude face à l'avenir. La complexité des problèmes économiques est conjurée par le recours aux explications réductrices : "trois millions de chômeurs, c'est trois millions d'immigrés en trop." Le FN applique la stratégie du bouc émissaire et intègre les exaspérations et les déceptions de couches sociales diverses dans un système explicatif à tonalité raciste.

La diffusion du discours raciste

Dès sa création en 1972, le FN fait implicitement du racisme un de ses thèmes. Mais il a connu une éolution, s'adaptant aux rigueurs plus fortes de la loi à mesure de l'augmentation de son audience. Aux propos racistes ouvertement proférés dans les premières années, a succédé un discours en apparence plus mesuré. Le non-dit et l'implicite y tiennent une place essentielle. Le discours fasciste fonctionne selon la logique du "comprenne qui voudra".
Gérard Miller, psychanaliste, explique le mécanisme : "premier avantage : plus le propos est équivoque, plus la jouisssance est forte pour l'auditoire d'avoir à en extraire lui-même la signification. Deuxième avantage : face aux tribunaux, le locuteur habile se réfugie toujours derrière une série d'autres interprétations possibles et bien plus innocentes. Le Pen ne cesse de jouer à ce jeu du "je l'ai dit-je l'ai pas dit". J'ai dit "Dupont travaille, Lévy spécule" mais c'est une coïncidence si Lévy est juif ! Dans les meetings du FN, il suffit de dire "monsieur Mohammed" - en insistant légèrement sur le "monsieur" - pour provoquer les rires haineux d'un public qui, interrogé, protestera de sa bonne foi : "Que se passe-t-il ? C'est raciste de dire monsieur d'un arabe ?" Voila, c'est ça l'abjecte jouissance du racisme implicite."

De fait, le racisme est aujourd'hui plus explicitement assumé, revendiqué par certains militants que par les responsables du FN. Ceux-ci savent cependant rappeler à leurs partisans la ligne réelle derrière le discours officiel. La préférence nationale prônée dans le programme du FN permet de justifier toutes les tentations racistes. Les bibliographies remises aux militants leur font découvrir les classiques du racisme, tel Alexis Carrel.

L'inégalité des races est-elle prouvée ? NON

Rien, aucune recherche scientifique n'a pu démontrer l'inégalité des races, bien au contraire. Quelques jours après la déclaration de Le Pen, jeudi 10 octobre 1996, des scientifques, biologistes, généticiens parmi les meilleurs au monde ont tenu une conférence de presse pour donner leur réponse : "Les races, un faux concept".

Parmi les intervenants, se trouvaient Jean Dausset et François Jacob, tous deux Prix Nobel de médecine, Jacques Ruffié du Collège de France, André Laganay du Musée de l'Homme, Luca Cavalli-Sforza de l'université de Stanford aux Etats-Unis et Alberto Piazza de l'université de turin en Italie.
Leur message était unanime et sans ambiguité : les données actuelles de la biologie permettent d'affirmer qu'il n'existe qu'une seule race humaine.

Fonder un racisme sur la science est donc une imposture.