L'Antisémitisme


Le FN dit :
Jean-Marie Le Pen : Badinter ? La foule : Juif !
Jean-Marie Le Pen : Lustiger ? La foule : Amort les juifs !
Jean-Marie Le Pen : Mme Veil ? La foule : Au four crématoire !

Réunion, tenue par le FN, à la mutualité le 14 mars 1984.


Bernard "Romain Marie" Anthony : "Les juifs ont tendance à occuper tous les postes-clés des nations occidentales. Comment ne pas observer qu'à notre télévision, par exemple, il y a bien plus de MM. Aron, Ben Syoun, Naoul, El Kabbash, Drücker, Grumbach, Zitrone, que de MM. Dupont ou Durand (...). Le monde moderne est caractérisé par une nouvelle intrusion du phénomène juif. Marx et Rotschild sont un peu les deux faces d'une même médaille." Présent, février 1979.

Présent : "La seule morale qui ait traditionnellement droit de cité dans la politique française est la morale chrétienne à laquelle vous êtes, madame, si parfaitement étrangère. Vous êtes même devant la morale catholique de la france française un malfaiteur de l'espèce la plus grave, celle du crime abominable."

Présent : "Le problème posé par Israël infidèle est un mystère et sans aucun doute un aspect crucial du problème du Mal."

Il est inutile de citer d'autres exemples. L'ensemble de cette fiche n'y suffirait pas.

Le FN et l'antisémitisme

Comme le racisme, l'antisémitisme fait partie des valeurs de l'extrème droite et le FN y est particulièrement attaché. Pour s'en convaincre, il suffit de compter le nombre de discours ou de situations qui se réfèrent à la question juive de 1972 à aujourd'hui. La plupart des responsables du mouvement se sont essayés à cet exercice. Comment croire ensuite à l'abscence d'un problème juif au sein du FN ?

La technique antisémite

Le FN ne peut s'afficher ouvertement comme un mouvement antisémite. Il peut néanmoins donner ses messages. Dans un premier temps, il s'agit de brouiller les cartes avec un système de redéfinition des mots. Les bases logiques de l'autre sont alors détruites : "A moins que certains taxent d'antisémitisme le fait de ne pas être d'accord avec un juif quand il professe quelque opinion que ce soit", affirme Jean-Marie Le Pen. Ce dernier donne une définition d'antisémitisme qui lui permet de se justifier. Apparemment, la riposte semble imparrable. En fait, Le Pen a changé de terrain. Avant de ne pas être d'accord avec un juif, il faut pouvoir le reconnaître en tant que juif. Le Pen doit sans doute avoir un sixième sens pour reconnaître, ne pas être d'accord et attaquer systématiquement cetaines personnalités d'origine juive.

La deuxième technique consiste à dénoncer les excès d'une partie seulement de la cible pour atteindre la cible toute entière. En 1998, un hebdomadaire proche du FN a ainsi fait sa une sur ces juifs qui en font trop. En fait, la publication était un recueil des perles antisémites du moment. Derrière le titre, c'est toute la communauté qui était visée.

Les thèmes antisémites.

L'antisémitisme du FN peut se classer en plusieurs thèmes :

Le premier thème est l'assimilation des juifs à une race étrangère à la France. Lorsque Le Pen affirme que le racisme anti-français est aussi condamnable que peut l'être le racisme antisémite ou anti-noir, il exclut logiquement les noirs et les juifs de la race française. Elle rejoint une forme d'antisémitisme catholique ancestral qui accuse les juifs d'être le peuple déicide.

Le second thème attribue la naissance du communisme à un complot juif. La haine antisémite est renforcée par le rejet d'une idéologie honnie par l'extrème droite. François Duprat, secrétaire général du FN entre 1972 et 1978, explique crûment la répression nazie contre les communistes : "[Le national-socialisme] se proclame anti-communiste car le communisme est une invention juive donc néfaste."

Le dernier thème est récurrent depuis l'affaire Dreyfus. Il suppose un complot contre la France et la prise du pouvoir dans le pays par un lobby juif. La production littéraire et journalistique de l'extrème droite sur ce sujet est considérable. Le quotidien présent est en quelque sorte l'héritier de ce courant quand il qualifie Paris de capitale du monde juif.

Le complot contre la France est un mythe. Un telle affirmation permet de condamner le pouvoir politique ou les médias en les rendant étrangers. L'accusation est totalement sans fondement. Mais elle a fait ses preuves dans les rangs nationaliste.


Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas catholiques.

Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait plus personne pour protester.

Poème écrit à Dachau,
attribué au pasteur Martin Niemüller.